Voici un point de vue iranien, à propos de la visite de la Délégation Française en Iran qui se termine aujourd’hui. Il s’agit d’un article publié il y a deux jours dans un journal de la ville de Mashhad, et rédigé par Vahid Jalili, journaliste et penseur iranien, également frère du Dr. Saeed Jalili, l’ex-négociateur iranien sur le dossier du nucléaire
En France il y a un arbre que les iraniens connaissent bien mieux que les français. Au-dessous de cet arbre, certaines lois furent jadis annoncées au monde qui – comme les Lois de la gravitation universelle de Newton – ont divisé le monde en deux. La gravitation a bien sûr un lien avec le pommier cher à Newton.
Au cours de notre époque contemporaine, le plus grand philosophe Français Michel Foucault s’est demandé dans les rues de Téhéran « quel rêve les iraniens pouvaient bien avoir en tête ? ». Quand le plus grand philosophe contemporain iranien s’asseyait lui aussi au-dessous de ce pommier à Neauphle-le-Château – tout en se détendant – il répondait à la question qui a tant troublé le cœur de Michel Foucault.
L’an 1979 a pris fin alors que les français gardait comme souvenir les efforts de Michel Foucault dans le Téhéran post-moderne. Grâce au calme et à la sérénité de l’Imam Khomenei à Paris, les iraniens gardait de la révolution islamique le souvenir d’une immense réussite.
Maintenant, 36 années se sont écoulées. Une délégation française entre aujourd’hui à Mashhad. Les iraniens voudraient bien conserver un beau souvenir de la France dans leur mémoire au delà de l’épisode de Neauphle-le-Château. Dans plusieurs villes de l’Iran – d’ailleurs, on a surnommé (baptisé ou intitulé) une rue ou une place du nom de ce village de la banlieue parisienne.
A Mashhad également tout à côté de la place « République de la République Islamique », il y a une cité que les Mashhadi ont surnommé « Neauphle-le-Château ».
Certaines rues de cette cité ont été surnommées du nom des martyres qui ont été fauchés par les missiles Exocet français durant la guerre Iran/Irak. 27 ans après la fin de cette guerre, dans cette même cité, on entend encore les toussotements de jeunes iraniens dus aux bombes chimiques lancées par les Mirage F1 et les Super-Étendard français de chez Dassault.
Durant tout ce temps les Giscard d’Estaing, Mitterand, Chirac, Sarkozy et Hollande ont préféré se faire photographier avec Saddam Hussein et Radjavi. Aujourd’hui, quand l’avion de la délégation d’une soixantaine de français atterrit à l’aéroport du Martyre Hasheminejad à Mashhad, peut-être n’y a-t-il personne qui leur explique que ce prédicateur et écrivain populaire Mashhadi a été assassiné par ceux qui sont invités au parlement français pour bafouiller sur la lutte contre le terrorisme ?
Les membres de la délégation française se promèneront probablement dans les mêmes rues que les femmes, les étudiants, les députés et les marchands Mashhadi qui ont été massacrés par les terroristes dont Paris assure encore la protection. Mais les Mashhadi n’ont surnommé aucunes de leurs rues du nom d’Exocet, Dassault Super-Étendard, bombes chimiques, Droits de l’homme à la française ou bien encore terrorisme parisien.
Les membres de cette délégation française tout en se promenant dans la ville peuvent clairement constater que malgré les trente années d’incroyables efforts de l’Occident (Royaume-Uni, France, Allemagne et Grand Satan lui-même) pour insécuriser et détruire l’Iran par le massacre, la terreur, la guerre, les bombes chimiques, les sanctions, les chantages etc. et bien malgré cela, la cité de Neauphle-le-Château à Masshad est toujours en sécurité et en progrès, tout en étant au-dessous des drapeaux de la place de la « République Islamique ».
Si cette délégation n’a vu l’Iran que dans les festivals politiques de Cannes, ils vont probablement être stupéfaits de voir le vrai Iran…
L’arc-en-ciel des pèlerins du sanctuaire de l’Imam Rezâ, composé de toutes les origines ethniques et des climats que l’on peut compter l’Iran, est une parfaite vitrine pour que les prêtres de la tour Eiffel puissent comparer les illusions qu’ils ont propagées sur la République Islamique à la réalité de la vie iranienne.
Un peu à l’écart de la cité Neauphle-le-Château, ces jours-ci à Kouhsangi, Mashhad raconte « L’Histoire de la Résistance ».
Si la délégation française est composée de Thénardier, Mitterand, Javert, Chirac, Don Juan, Sarkozy etc. on a rien à dire.
Mais si les Frantz Fanon, Jean Valjean, Kamal Courcelle sont venus à Mashhad : ils sont très bienvenus et on les invite à voir le théâtre des « Nageurs de combat martyres ».
Vahid Jalili